mercredi 8 octobre 2008

L'indigence de la justice française une nouvelle fois pointée du doigt


Courtoisie de Wikinews:

Sources Reuters et agences, le 8 octobre 2008.


– « Rien de nouveau sous le soleil » disait l'Écclésiaste. Tel est le cas de la Justice française. Un nouveau rapport publié par le Conseil de l'Europe classant la France au 35ème rang européen sur 43 en termes de dépenses pour ce poste. Cette étude est publiée tout juste deux ans après le précédent rapport, lequel pointait du doigt les mêmes faiblesses. A la Commission européenne, le CEPEJ s'étonne de l'inefficacité de la justice française.


Selon l'agence Reuters « Avec 0,19% de sa richesse nationale (PIB) consacré à la justice en 2006, la France se retrouve selon ce rapport derrière l'Arménie, Andorre, la Moldavie, la Roumanie et la Russie ». L'auteur de la dépêche ajoute : « Paris est au 35ème rang sur 43 pour le nombre de juges par habitants, au 42ème pour le nombre de procureurs, au 39ème rang pour les effectifs de personnels de justice ». La suppression de 256 juridictions en France relève aussi d'une tendance similaire dans 25 autres pays européens.


Ce constat a provoqué la réaction immédiate de la Garde des Sceaux Rachida Dati, qui dénonce que « L'étude compare des systèmes qui ne sont pas comparables ».


Le syndicat de la magistrature relève : « Ce rapport est très révélateur d'une situation qu'on dénonce, avec un système exsangue, qui le sera encore plus avec la réforme de la carte judiciaire, dont le but caché est de faire des économies d'échelle ».


Voir aussi la grogne magistrale dans l'article du SM




Strasbourg, 08.10.2008 –


La Commission du Conseil de l’Europe pour l’efficacité de la justice (CEPEJ) vient de rendre public son 2e rapport d’évaluation des systèmes judiciaires européens lors d’une conférence de presse à Paris.


Le rapport comprend des données pour 45 Etats européens (*), permettant ainsi au Conseil de l’Europe de disposer d'une véritable photographie de la justice en Europe. La CEPEJ a essayé d'en tirer quelques premières grandes tendances européennes et des conclusions relatives à l'application des principes fondamentaux et des normes européennes dans le domaine de la justice.


Le rapport offre des tableaux comparatifs et des commentaires pertinents dans des domaines essentiels tels : les dépenses publiques consacrées au système judiciaire, le système d’aide judiciaire, l’organisation des juridictions, les personnels judiciaires, les durées de procédures, les notaires.



Pour plus d’information sur la Commission européenne pour l’efficacité de la justice
Contact Presse : Henriette Girard, Attachée de Presse, Division de la Presse,
Tél. +33 3 88 41 21 41 ; Mobile +33 6 75 65 03 39 ;
henriette.girard@coe.int
----------
(*) Sur les 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, seul le Liechtenstein n’a pas fourni de données pour le présent rapport. Celles de Saint-Marin ont été transmises trop tardivement.



La France a été condamnée 21 fois cette année pour non respect des droits de l'homme.

dimanche 5 octobre 2008

Ne pas vendre la peau de l'ours


Un « Nounours » minaudé par une épouse en direction de son conjoint permet d’apprécier l’importance que revêt le plantigrade dans notre quotidien.
En se tournant vers le « Nounours » en question on peut se trouver face à un individu qui rappelle ce frêle esquif qu’un simple zéphyr pourrait emporter ou au contraire se voir confronté à une espèce de brute, taillée à la hache, susceptible d’effrayer un ours, un vrai. Cette qualification indicible témoigne de l’influence de l’animal dans le subconscient collectif. Il est vrai que nous sommes entourés par des ours depuis nos premiers pas. En feutre, en mohair ou en nylon la bête est présente, depuis plus d’un siècle, dans la plupart des chaumières qui , d’Amérique ou d’Allemagne, se disputent la paternité de la peluche. Du coffre à jouets ou du lit de jeune fille « Nounours » passe dans la chambre à coucher et finit souvent, assis sur l’arrière train, au beau milieu du lit conjugal. Blanc ou marron, avec sa bouche cousue, ses yeux en boutons de bottines plusieurs fois raccommodés, ses coutures sur le ventre et au cou, il trône et confirme à d’éventuels protagonistes qu’il convient de ne pas ouvrir les hostilités ou à l’inverse de profiter de la couche. Il décide des ébats et débats et fait autorité. Il sait qu’il peut être pris à témoin ou qu’on peut même lui demander conseil comme à l’époque où on lui parlait des premières amours. Merci d’essuyer vos larmes. Cet inconscient collectif à l’égard de l’ours est savamment entretenu par une multitude d’intervenants mercantiles. Il y eut le fameux « Bonsoir les enfants » entouré de Pimprenelle et Nicolas (C’était déjà un prénom célèbre dans les années 70) puis « Paddington » avec son chapeau et sa valise qui ont assuré les relations publiques de ce petit monde enchanté. Un arbre de Noël se doit d’être présenté avec son ours. D’une façon ou d’une autre, ils nous accompagnent partout. Et maintenant il y a les ours des Pyrénées qui, malheureux, n’ont pas de chance. S’agit-il encore de bêtes ? Difficile de répondre à cette question envers des animaux de la nature – c’est politiquement plus correct que de les dénommer « bêtes sauvages, » non ? – qui sont suivis à la trace, équipés d’une puce électronique dans l’abdomen et d’un collier pour le radio guidage. Pour répondre aux appels que pourraient leur lancer des promeneurs, désireux de faire copain-copain, ils ont même un prénom. Un parrain et une marraine viennent compléter la panoplie. Pourquoi ne pas prévoir aussi une fête pour leur mariage avec invitations des personnalités aux copulations ? Moi, je serais à la place des ours, je commencerais à en avoir assez qu’on ne me laisse pas rouler ma bosse. Heureusement, les ours ne sont pas fous, à la différence du chevreuil qui a récemment tenu en haleine toute une contrée, par ses frasques et attaques répétées envers ses voisins, les humains. Certes, ce ne doit pas être agréable de se retrouver avec un trou de balle dans le pied, comme ce « pauvre Balou », mais tout de même, est-ce que nous n’en avons pas un peu trop fait ? S’il y a lieu de défendre la faune en général et les ours en particulier, fallait-il pour autant ameuter le pays tout entier, reportage télé à la clé ? Il me semble que l’on a dépassé les limites de la décence. L’ours blessé n’a pu être localisé qu’après plusieurs semaines de recherches… ce qui paraît normal compte tenu du raffut qui se déroulait sur son territoire. L’animal n’a sûrement eu qu’une seule envie, celle de se tirer, en tous cas de se terrer, quitte à souffrir en silence. Vingt cinq personnes aux trousses dont deux vétérinaires et la presse qui en fait une affaire d’Etat, lui ont fait croire que le temps où l’on en voulait à sa graisse était revenu. Dés que la nouvelle fut divulguée par le chasseur qui s’est immédiatement rendu à la gendarmerie, « le tranquille village de Prades prend aussitôt des allures de place forte. Les voitures de gendarmerie investissent l'unique rue, la mairie est ouverte, un cordon de sécurité empêche les curieux de se rendre sur la piste qui mène au « lieu du crime », le préfet, Jean-François Valette arrive sur place, le ballet des voitures entre office de la chasse, office de la forêt et comité de suivi est incessant… » (La Dépêche du 8 Septembre 2008). Et si l’on parlait aussi de « lieu du crime » pour tous ces enfants qui meurent de faim dans le monde ? Sans compter qu’indépendamment de la blessure il y a sûrement un pretium doloris sur lequel personne ne s’est encore penché à ce jour. Pourquoi ne pas prévoir une pension d’invalidité ? Il y a aussi cette vexation suprême : le « tir d’instinct » de ce chasseur qui l’a confondu avec un vulgaire sanglier… Moi, un cochon ? dit-il partout. Balou ne se remet pas de cette humiliation. L’affaire en témoigne, l’ours habite au plus profond d’un certain nombre d’entre nous et ce ne sont pas les financiers qui pourront dire le contraire. Spécialisés dans la spéculation virtuelle ou pas, les hommes de finance sont, aujourd’hui plus que jamais, confrontés au dicton qui conseille utilement de, « Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué »
(Pour Ligne de crédit N° 409 du 01/10/2008) Gérard Gorrias

Réaction :

(02/10/2008 - 13:58)
Bonjour, C'est un très très bel article. L'ancien dessinateur des peluches géantes de l'usine Nounours à côté de Vaison la Romaine, Benoît, s'était sérieusement penché sur ces questions relatives aux insconscients collectifs. Nous mêmes dans notre association, posons la question de fond que vous ne manquez pas de raviver : Et si l’on parlait aussi de « lieu du crime » pour tous ces enfants qui meurent de faim dans le monde ? Nous permettez vous de reprendre votre article dans un de nos blogs ou forums pour développer une réflexion, car sont traités de bêtes sauvages, sous les termes "pervers manipulateurs narcissiques", les milliers de pères coupés de leurs enfants dans les ruptures et divorces, et de "sorcières", les non moins nombreuses mères monoparentalisées qui se "débarassent du chien en disant qu'il a la rage". Centre PEM Mediation

mercredi 1 octobre 2008

Georges Fenech - “500.000 concitoyens touchés par le phénomène”


Propos recueillis par Sandrine Briclot, pour France Soir le mercredi 1 octobre 2008 à 04:00


C’est aujourd’hui que Georges Fenech, qui préside la mission interministérielle, prend les rênes de la Miviludes, l’observatoire anti-sectes. Une mission taillée sur mesure pour un magistrat averti des dérives sectaires.Créée en 2002, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) est chargée d’observer et de détecter le phénomène sectaire mais également de lutter contre les risques avérés.


A sa tête depuis ce matin, un homme réputé pour sa fermeté face à ce qu’il considère comme « un vrai problème » en France. Magistrat, ex-député UMP et ancien président de la commission d’enquête sur les sectes et les mineurs, l’homme est même la bête noire des mouvements sectaires depuis qu’il a instruit et requis dans plusieurs affaires mettant en cause certains de leurs responsables. Missionné en avril dernier par François Fillon, Georges Fenech a remis cet été au gouvernement un rapport sur « la justice face aux dérives sectaires ». Un texte qui laisse augurer de l’action qu’il mènera à la Miviludes : renforcement de la surveillance et de la prévention et — c’est nouveau — création de cellules d’interventions.


Il nous explique.


FRANCE-SOIR. Avec votre nomination à la présidence de la Miviludes, les sectes deviennent « un vrai problème »… C’est un message ?


GEORGES FENECH. Il faut balayer toute interrogation sur la volonté du gouvernement de prendre le problème au sérieux. Il y a une vraie préoccupation des pouvoirs publics au sujet des sectes.

Ma nomination à la tête de cette mission, de par mon parcours professionnel en tant que magistrat et parlementaire très préoccupé par cette question, prouve cette volonté de non seulement maintenir la vigilance et la lutte dans le domaine sectaire mais également de la renforcer. Comme vous le savez, j’ai remis cet été au Premier ministre un rapport où je formule douze préconisations pour lutter plus efficacement contre les dérives sectaires. Oui, c’est un message.


Quel sera votre premier chantier ?


Il sera de proposer au Premier ministre un renforcement de la Miviludes tant dans son domaine d’action que dans son statut. Nous faisons un gros travail de formation et de surveillance mais il nous manque une cellule d’intervention dans un domaine purement opérationnel. On pourrait créer des sections qui pourraient être appelées en renfort sur le terrain par les forces de l’ordre. Nous l’avons déjà expérimenté dans le cadre d’une affaire dans le Calvados qui s’est soldée par deux mises en examen. Il faut comprendre que lorsqu’on intervient dans une communauté, on tombe sur des individus qui n’ont plus aucun repère. On pourrait aussi imaginer des structures d’accueil qui réaliseraient un suivi psychologique des adeptes.


Le nombre de sectes est-il en évolution ?


Le phénomène sectaire est un phénomène mouvant, fluctuant. Vous avez des sectes qui apparaissent, d’autres qui disparaissent, certaines qui changent de nom… Ce sont des organisations en perpétuel mouvement, d’où l’intérêt pour la Miviludes de suivre ces évolutions comme, par exemple aujourd’hui, la montée inquiétante des mouvements dits sataniques, qui touchent plus particulièrement les jeunes.


On peut considérer que si le phénomène n’est pas en expansion, il n’est pas non plus en régression.


Le volume des organisations sectaires tournent autour de 200 mouvements. Et, selon l’enquête que j’ai menée en tant que député, qu’il y a entre 60 et 80.000 enfants touchés par ce phénomène et que, probablement, dans l’ensemble du pays, environ 500.000 de nos concitoyens sont concernés.


Aujourd’hui les sectes ont-elles un nouveau visage ?


Il y a le problème de l’enseignement à domicile et des formations professionnelles (NDLR : lire ci-aprés). Nous observons également quelques techniques employées par certains psychothérapeutes mal intentionnés, comme celle des faux souvenirs induits. Cela consiste à faire revenir à la mémoire de la personne des souvenirs enfouis qui sont… faux. On la persuade qu’elle a été victime d’attouchement ou d’inceste pendant son enfance par exemple. Cela abouti parfois à des catastrophes familiales et des plaintes. La réglementation existe, elle a été votée, nous attendons son décret d’application. En attendant, ces professions sont très lucratives ! On voit même certains médecins se faire radier du conseil de l’ordre pour exercer ces médecines parallèles !


Le dernier rapport de la Miviludes évoque « les actions de lobbying effrénées » des mouvements sectaires. Comment se traduisent-elles ?


Il y a différentes manières pour des organisations à caractère sectaire de faire du prosélytisme ouvertement ou sous différents masques. Certaines s’abritent derrière de nobles causes pour avancer leurs pions. On le constate notamment dans le domaine de l’humanitaire où de grandes organisations se déplacent sur des lieux de catastrophes naturelles, d’épidémies ou de révoltes de banlieues. On ne peut pas non plus exclure le phénomène de l’entrisme. L’infiltration dans les lieux de pouvoir politiques, économiques, industriels, ça existe !

--------------------------------------------------------------------------------
L’enseignement à domicile sous surveillance


Chaque parent a le droit d’être le précepteur de son enfant et de ne pas l’envoyer à l’école, comme le stipule la loi Jules Ferry de 1882. « C’est une liberté fondamentale qu’il n’est pas question de remettre en cause, explique Georges Fenech, mais on se rend compte qu’à travers cette liberté, des parents vivant en communauté enferment socialement leurs enfants. » Et le nouveau président de la Miviludes de rappeler une loi votée en mars dernier et passée inaperçue : « Ce texte dit qu’au-delà de deux familles qui se regroupent pour enseigner à leurs enfants, il faut faire une déclaration d’ouverture d’école même hors contrat car c’est une école de fait. » L’occasion pour les acteurs anti-sectes d’exercer une surveillance sur ce nouveau type d’établissement scolaire familial, car « qui dit déclaration d’ouverture d’école dit contrôle plus approfondi et plus régulier de l’Education nationale et du ministère de la Santé », prévient Georges Fenech.

Edition France Soir du mercredi 1 octobre 2008 n°19916 page 6