dimanche 11 mars 2007

Les parents sont aussi des appâts !

Magazine Maxi, par Barbara Muntaner.

Autre moyen pour les sectes de toucher des enfants : enrôler les adultes et voir leurs enfants naître et/ ou grandir dans leur cercle. Avec l'espoir qu'ils deviendront des fidèles...


• « Mes trois enfants, précoces, étaient un peu isolés à l'école, explique André, chef d'une petite entreprise.
Ma femme, gynécologue, avait entendu parler par un collègue d'un psychothérapeute et emmenait régulièrement nos enfants le consulter avec elle. Un jour, elle m'a dit que ce faux psy l'avait convaincue que nos enfants avaient une mission sur terre, c'est pour ça qu'ils étaient si intelligents. Je trouvais tout cela absurde.
Il n'empêche, ma femme les a inscrits dans une école privée hors contrat conseillée par ce faux psy. Moi, je ne voulais pas les sortir de leur école. On se disputait sans cesse a ce propos jusqu'à ce qu'on n'arrive plus à communiquer.

Ma femme était totalement sous l'emprise de ce que racontait le gourou. Un jour, elle est partie vivre dans la secte avec les enfants. Ensuite, elle a demandé le divorce. »
L'histoire d'André est« classique » : la secte enrôle un membre du couple, le plus souvent la femme. Puis elle la « monte «contre son époux, pour provoquer la séparation et la rendre plus vulnérable, donc à la merci de l'organisation.
Hélas, les juges, peu au fait des méthodes des sectes, accordent souvent la garde des enfants à la mère.

C'est ainsi que les mineurs se retrouvent dans la secte, coupés de leur père et du reste de leur famille. « Depuis dix ans, je n'ai vu mes enfants que deux ou trois fois, poursuit André. Le pire est que ma femme a vite porté plainte contre moi pour violence sur elle et les enfants. Mon fils m'a écrit pour me dire qu'il ne voulait plus me revoir, avec des mots que je ne lui connaissais pas, sûrement dictés par la secte. Je me suis donc retrouvé en position d'accusé, alors que jeperdais ma famille. J'ai fait une grosse dépression. J'essaye de m'en sortir, de me défendre... »

Les enfants enrôlés dans une secte le paient très cher!

En novembre dernier, la commission parlementaire a fait une visite inopinée dans une communauté sectaire des Pyrénées-Atlantiques.
Ils ont découvert 18 enfants et adolescents qui n'allaient pas àl'école, ne jouaient pas, ne sortaient jamais. « Ils vivaient dans un monde clos, sans aucune connaissance du monde ni des métiers qu'on peut y exercer. Des adultes non qualifiés ne leur enseignaient ni l'histoire ni les sciences, contraires aux théories de la secte », explique le député Philippe Vuilque (Député des Ardennes, vice-Président de la Commission d'enquête parlementaire, Président du groupe d'étude sur les sectes en 2004-2006).

• Pour éviter que, dans les sectes, des enfants soient privés d'éducation scolaire, les députés viennent d'imposer que si un adulte fait la classe à des enfants de plus de deux familles, ce cours est considéré comme une école, avec toutes les obligations légales qui en découlent.

• Leur santé est menacée.
Dans cette communauté visitée par les députés, comme dans d'autres, enfants et adultes ne sont pas vaccinés, ni couverts parune protection sociale.
Les députés ont décidé que les parents refusant de faire vacciner leur enfant contre la diphtérie, le tétanos, la polio et la tuberculose, pourront être punis de 6 mois d'emprisonnement et 3 750 € d'amende.

• Leur personnalité est fragilisée.
« Les sectes mettent les jeunes en danger, car elles ne les préparent absolument pas à une vie normale, dénonce Armelle, ancienne adepte d'une autre secte. Je ne crois plus aux théories promettant un paradis terrestre, mais, depuis que j'ai quitté la secte, je suis sans réponse, un peu perdue. Heureusement, mon copain et sa famille me soutiennent. »

Les conséquences psychologiques sur les enfants sont graves, les sectes les empêchant de construire leur personnalité et d'avoir confiance en eux :
« Toutes les envies, les souhaits personnels sont systématiquement réprimés dans les sectes », explique Catherine Picard. Il faut penser comme le gourou, l'admirer... au point qu'il est difficile de vivre et de penser par soimême quand on en sort. « Même depuis que j'ai quitté la secte, je me sens tout le temps coupable et je n'arrive plus à me débarrasser de ce sentiment », explique Karim.

• Ils risquent parfois des sévices sexuels.
Même si ce n'était pas le cas dans cette communauté des Pyrénées-Atlantiques, les abus sexuels, qui laissent des traumatismes graves, sont fréquents dans certaines organisations. «Enfants ou adolescents subissent parfois des attouchements ou des viols, dénonce Didier Pachoud.
Certains gourous prônent les contacts physiques entre adultes et enfants pour, prétendent-ils, "apprendre à se toucher". »


Légende de la photo DR: Lors de leur visite dans la communauté Tabitha's Place, qui vit à l'écart du monde dans les Pyrénées, les députés ont découvert que 18 enfants n'étaient pas scolarisés.