samedi 19 juin 2004

Comment les sectes se moquent de la Convention Internationale des Droits de l'EnfantCIDE

Extraits tirés de la revue 'Lien social' No 386 (1)

Isolés, conditionnés, brutalisés, violentés, voire assassinés, les jeunes 'adeptes' doivent effacer leur passé, se détourner des mythes familiaux, n'avoir plus de racine. Le texte qui devrait protéger l'enfance est bafoué, article par article. Explications.

Les sectes tuent

Les sectes tuent et les enfants sont, comme toujours, les plus exposés. La plupart des pays - y compris les plus attachés aux droits de l'Homme - ne se mobilisent guère pour que la Convention Internationale des droits de l'Enfant puisse aussi s'appliquer à l'intérieur des sectes. En effet, il suffit de confronter les différents articles de la Convention aux pratiques de telle ou telle secte, pour constater que le droit est spectaculairement bafoué. L'article 2 stipule que l'enfant doit être protégé contre toute forme de discrimination motivée par les convictions de ses parents, l'article 3 lui assure la protection et les soins nécessaires. L'article 7 préconise la préservation de l'unité familale autour de l'enfant. Or, la véritable famille n'est plus la famille naturelle, adoptive ou nourricière, mais la secte, le gourou devenant alors la seule référence parentale autorisée.
Ainsi conditionné dès son plus jeune âge, l'enfant évoluera dans un monde où la notion de père et de mère n'a pas de sens, quand il n'est pas carrément séparé de ses parents dès sa naissance, comme chez les scientologues, qui préfèrent le confier à une 'nanni' jusqu'à 12 ans, laquelle lui inculquera les préceptes de 'l'église'.
L'article 9 de la Convention prévoit que si une séparation des parents survient, l'enfant puisse avoir des relations régulières avec l'un et l'autre. Or, c'est le contraire qui prévaut lorsque l'un des conjoints n'est pas adepte de la secte ou s'en détache. Ainsi, dans une situation semblable, les témoins de Jehovah 'diabolisent' le conjoint 'opposé' et développent un sentiment de méfiance chez l'enfant. cette suspicion de la secte envers la famille est en fait l'un des gages de sa survie et elle en a fait une doctrine, conditionnant ses adeptes à cesser toute relation, à effacer le passé, à se détourner des mythes familiaux, à n'avoir plus de racines...

Les privations semblent le lot commun

Que dire également du sort fait à l'article 19 qui protège l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, y compris violences sexuelles ?... Et de l'article 31 qui affirme le droit au repos et aux jeux ?... La liste est sans fin des diverses situations de maltraitances auxquelles les enfants des sectes sont confrontés. Les privations semblent le lot commun : privation de nourriture, privation de sommeil, privation de contacts extérieurs, privation de jeux... La vie de certains enfants est un véritable cauchemar : chez Krishna, le lever est à 3h30, immédiatement suivi d'une heure de litanies et de trois heures de lectures des textes sacrés. Même rituel en fin de journée, une journée partagée entre l'enseignement et les activités manuelles. Les repas, de types végétariens, sont très loin de satisfaire les appétits et les besoins, et la seule 'distraction' autorisée, le dimanche, est d'aller faire du prosélytisme en agitant des clochettes et chantant 'here rama, hare Krishna'...Ils vivent dans des locaux sans aucun confort, dorment sur des lits métalliques superposés et ne connaissent rien du monde qui les entoure. Même lorsqu'ils demeurent dans leur famille, comme c'est la cas des Témoins de Jehovah, les enfants sont 'interdits' d'enfance : interdit de participer à des fêtes, de sortir, de regarder la télévision, d'aller au spectacle...

'La Citadelle' s'est fait connaître pour la rage que le couple Mihaies mettait à 'corriger' les enfants. Un 'ancien' témoigne : '... gifles, coups de ceinture, privation de nourriture, de sommeil, station debout des heures durant..., exclusion fréquentes, humilations'. Dans d'autres sectes, les 'rebelles' sont enoyés dans des camps de rééducation dont les teen Ranches créés par david Berg, grand manitou de la Famille, étaient le modèle le plus accompli. Frapper un enfant est donc un acte reconnu et encouragé par les sectes, et écrits et discours en témoignent; un haut responsable de Tabitha's Place : "Même les bébés ont une nature déchue et ont besoin d'être chatiés", et Gilbert Bourdin de Raël évoquant "le petit être qui n'est encore qu'une larve" invitent les parents à appliquer avec vigueur le châtiment corporel...
Mais c'est avec les violences sexuelles que l'on mesure combien les sectes, sous des discours religieux ou philosophiques, peuvent briser à jamais des vies humaines et conduire des enfants au désespoir ou à la folie. Gilbert Bourdin, qui se veut un guide sévère, n'hésite pas à mettre dans son lit ses adeptes et les enfants de ses adeptes. Différents écrits attestent de ses encouragements à la pédophilie, voire à l'inceste, mais le maître incontesté en la matière demere David Berg, dit Moïse David, père universel des Enfants de Dieu - aujourd'hui La Famille - , qui des années durant put réaliser à travers la secte ses plus épouvantables fantasmes. Non seulement cet ancien pasteur a inventé le 'Flirty Fishing' et ainsi amené à la prostitution des centaines de jeunes filles convaincues de servir le Christ, mais il a abusé de ses propres enfants, sans le moindre souci de la loi commune, justifiant ses perversions par une 'théorie' qui pour être simpliste n'en a pas moins convaincu des centaines d'adeptes. il assure, David Berg, que "il n'y a rien de mauvais au monde, quand au sexe, tant qu'il est pratiqué avec amour, de quelque manière que ce soit; pas question de qui ni de quel âge ou de quelle parenté, ni de quelle façon". Moyennant quoi, les mères sont invitées à faire, d'une certaine façon, la toilette de leur petit garçon, et les pères à 'jouer' avec leurs petites filles; quand aux enfants, ils n'ont pas le choix, les relations sexuelles entre eux étaient obligatoires, dûment surveillées par un 'berger'...

Les sectes font peur, et pas seulement à monsieur-tout-le-monde; elles font peur aussi aux magistrats, aux experts, aux hommes politiques. Elles ont des ramifications innombrables, bénéficient de puissants appuis, savent utiliser la moindre faille, invoquer la liberté d'opinion, de conscience, de religion...Elles avancent masquées, ovrant des ateliers de peinture, de musique, proposant du soutien scolaire, organisant des séjours de vacances et créant ainsi un vivier dans lequel elles pourront jeter leurs filets.
Des associations travaillent à combattrent et dénoncer ces pratiques : Le centre de documentation, d'éducation et d'action contre les manipulations mentales (CCMM) et, surtout, l'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu (UNADFI) dont la présidente Jeannine tavernier, pense que le devoir d'information sur le problème des sectes doit être une priorité pour tous ceux qui sont en contact avec les enfants (enseignants, éducateurs, animateurs...)

Jacques Trémintin

(1) LIEN SOCIAL, 5 rue du Moulin Bayard - 31015 Toulouse cedex 6
Tél 05 62 73 34 40
Fax 05 62 73 00 29
www.lien-social.com

À lire :
Les enfants des sectes, Hayat El Mountacir, ed. Fayard, 1994
Dans le secret des sectes, J.Cotta,P.Martin, ed.Flammarion, 1992

Adresses :
CCMM, 19 rue Turgot - 75009 Paris (01 42 82 04 93)
UNADFI, 10 rue du Père Julien Dhuit - 75020 Paris (01 47 97 96 08)

Aucun commentaire: