lundi 17 mai 1999

Familles gardez le contact


Quand quelqu'un adhère à un mouvement sectaire, les membres de sa famille sont en général surpris et destabilisés par la transformation qu'ils constatent chez celui ou celle qu'ils semblaient pourtant bien connaître. Ils ne le retrouvent plus, ne le comprennent plus, ils ont beau essayer de le raisonner, de discuter, de se fâcher, ils ne le reconnaissent plus. Il est devenu comme inaccessible et étranger. Cette attitude peut être perçue comme rejetante et blesse souvent les proches. Ils le croient définitivement perdu et peuvent être tentés de couper les ponts.

Bien entendu à l'impossible nul est astreint et tout dépend du seuil d'endoctrinement.

Les enfants sortants élevés dans des communautés et organisations ou thérapies sectaires que nous recevons nous disent que
le contact permanent avec des parents encore sectarisés laisse une emprise sur le jeune adulte sortant et donc pour pouvoir retrouver son veritable libre arbitre, le contrôle de sa vie, une rupture s'avère parfois nécessaire, afin de se donner une chance de vivre. Il faut aussi soi même se débarasser d'un état d'esprit sectarisé et par conséquent éviter les proches qui sont encore sous emprise.

Comme Parents responsables nous vous préconisons de:

  • Ne pas culpabiliser et s'efforcer de garder le contact.
  • Ne jamais envoyer d'argent et montrer son affection par d'autres petites attentions.
  • Ne pas se décourager, écrire un journal des événements qui se déroulent dans la famille ou l'entou- rage pour permettre au sortant de savoir ce qui s'est passé durant son absence.
  • L'aider à se réapproprier l'histoire familiale et à se relier à sa vie d'avant.
  • Toutes critiques venant de l'extérieur mettent en oeuvre des résistances. Pour la personne, membre du mouvement sectaire, cela va même renforcer son adhésion et lui faire en tout cas penser, et peut-être dire:
    • «Mais si tu me dis ça, c'est que tu ne comprends rien, tu n'en fais pas partie, tu ne sais pas ce que je vis, tu n'as pas reçu de révélation et c'est donc normal que tu sois critique.»

    Le dialogue est ainsi vite interrompu. C'est donc négatif de prendre les choses de front et même déconseillé. Cela ne produit aucun résultat positif, bien au contraire.

  • Enfin, il ne faut pas hésiter à demander de l'aide au réseau Parental Europe., il nous suffit pour cela que vous nous envoyiez votre témoignage par courriel à reseau point parental chez gmail point com Quand une famille, désemparée par l'attitude de l'un des siens, ne comprend plus ses choix, ne le reconnaît plus dans ce qu'il est, et qu'elle reçoit ces conseils, ceux-là peuvent vraiment l'aider à mieux dissocier l'être aimé de la doctrine. Sa personnalité propre est tapie quelque part au fond de lui. Je la comparerais à un arbrisseau sec dans le désert, il suffit d'une pluie pour qu'il refleurisse. Cette pluie peut être l'amour et le non jugement des proches qui l'aimeront et l'accepteront malgré tout.

Jean-Luc Swertvaegher, psychologue et responsable de consultation d'aide thérapeutique aux victimes de sectes au Centre Georges Devereux à Paris:

    «En trois ans de travail avec des sortants, nous avons constaté que les gens que nous avons rencon- trés ne sont en tout cas pas plus fragiles psychologiquement que d'autres et qu'au contraire, c'étaient des personnes qui étaient très dynamiques, qui avaient un idéal, qui poursuivaient cet idéal et c'est souvent plutôt la recherche d'un idéal qui les a fait entrer dans un mouvement sectaire et non pas une faiblesse. Il y a certes une demande de changement et d'amélioration de soi, et les sectes accrochent aussi beaucoup de gens en faisant des propositions dans ce sens-là. mais d'une manière générale, les gens qui rentrent dans des sectes sont plutôt des gens curieux, des chercheurs, des aventuriers qui ont le souci de transformer le monde et de se transformer eux-mêmes et non pas des personnes défail- lantes et psychologiquement faibles. C'est un cliché qu'il faut combattre.» (Source: Radio Suisse Romande, "Comment peut-on repérer l'appartenance à une secte", Mordicus, 3 février 2003)

Jean-Claude Maes, psychologue et président fondateur de SOS-Sectes à Bruxelles:

    «L'idée fréquente selon laquelle les sectes charrieraient une population d'individus psychiquement fragiles est peu convaincante.» (Source: "Santé mentale et phénomène sectaire" nº 16, Bruxelles, 2001, p.31)

Janine Tavernier, ancienne présidente de l'UNADFI (Association de défense de la famille et de l'individu maintenant dévoyée au marchés psycho judiciaires):

    «Les sortants de sectes, loin de l'image qu'on peut s'en faire, a priori, étaient sensibles, pacifiques, intelligents et d'agréable compagnie.» (Source: "20 ans de lutte contre les sectes"; Editions Michel Lafon, 2003, p. 175)

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